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Aux fils du temps
1 janvier 2009

Rapport sur les filatures Choletaises (XIXe siècle)

« Pour me conformer à votre lettre du 19 de ce mois, j'ai appelé et interrogé 2 cardeuses de chez MM Deschamps et Journet, 2 de chez M Richard, et un de chez M Alliot. Il est resutté de leurs réponses les renseignements suivants qui prouvent que ceux donnés par mon prédécesseurs étaient exacts, que les mêmes allures ont continué pour l'été, et que l'hiver, le travail a été quelquefois poussé à l'excès, d'une manière effrayante pour les cardeuses.

Ainsi chez MM Deschamps et Journet, Marie Roux, cardeuse, agée de 39 ans, dit : à présent et tout l'été, nous travaillons de 5h du matin à 8h du soir, sur quoi nous avons une heure moins dix pour déjeuner et autant pour dîner. Habituellement on dîne en travaillant, mais alors cette heure là est payée en sus de la journée qui est de treize heures quoique nous travaillions 20 minutes de plus, puisque pour le déjeuner la cloche ne sonne qu'à 8h 10 au lieu de 8h et pour le dîner à 1h 10 au lieu d'une heure. La veuve Veillé dit la même chose.

Marie Roux dit encore : pendant l'hiver, la règle est d'entrer avec le jour à la filature, et d'en sortir au bout de

15 heures ; desquelles il faut déduire pour chaque repas 50 minutes – soit donc 13h 20 de travail effectif. Pendant deux ou trois mois de l'hiver, de deux jours l'un on travaillait jusqu'à minuit ; plusieurs mêmes ont passé des nuits entières et les heures de nuit n'étaient pas payées plus cher que les heures de jour.

La veuve Veillé, interrogée séparément, dit une partie de l'hiver, les cardeuses, de deux jours l'un travaillaient depuis 7h du matin jusqu'à 7h le lendemain matin; puis, prenaient 1h pour s'en aller déjeuner, et recommençaient à 8h du matin jusqu'à 10h du soir; puis le lendemain reprenaient la grande journée de 24h. Mais cela n'a pas duré jusqu'à la fin de l'hiver, parce qu'il en est tombé malades un trop grand nombre ; et cependant celles qui auraient refusé de se conformer à la règle, auraient été mises à la porte. Aussi les déposantes tremblent d'être renvoyées, elles et leurs filles, pour leur déposition, ce qui serait d'autant plus malheureux que ce sont des femmes honnêtes et pauvres qui, si elles étaient renvoyées de là, ne seraient même pas reçues dans les autres filatures !!

Les deux cardeuses appelées de chez M Richard ne déposent qu'à la condition qu'on ne les nommera pas : toutes deux s'accordent à dire que dans l'hiver on entrait avec le jour à l'atelier ; et l'on en sortait 15h après. Déduisez 2h pour les repas (car là on a l'heure complète pour chaque repas) ; reste 13h de travail effectif – les samedis on travaillait jusqu'à minuit. Ce n'est que depuis le 1er janvier que les heures au delà de 12 sont payées en sus.

Du jeudi saint (8 avril) au 6 mai, on a travaillé depuis 5h du matin jusqu'à 9 heures du soir ; soit toujours 13h de travail effectif ; une ou deux fois seulement, on est sorti plus tard. Depuis le 6 mai, on entre à 5h du matin, on sort à 8h du soir ; soit toujours 13h de travail effectif ; mais la 13e est payée en sus, depuis le 1er janvier comme il est dit ci dessus.

Les torseuses travaillaient aux même heures que les cardeuses, à l'exception qu'elles ne travaillaient point le samedi plus que les autres jours, et que toujours la 13e heure leur était payée à part même avant le 1er janvier. Depuis le jeudi saint, elles ne travaillent plus que 12 heures.

Partout les fileurs sont à leurs pièces et ne travaillent que 12h et pourtant la carderie ne suffit pas à les entretenir. Ceci explique pourquoi le travail des cardeuses est excessif il faudrait donc augmenter le nombre de cardes.

[...]

Chaque fileur à sous ses ordres et à son comte un rattacheur (fille ou jeune homme) de 16 à 20 ans; et un bobineur ou bobineuse, enfant de 9 à 12 ans. Le bobineur ne travaille pas constamment quoiqu'il soit obligé d'être là. Quand le bobineur a garni son métier il peut s'amuser un peu de temps. En général le métier de bobineur n'est pas fatiguant, dit on . Le bobineur gagne de 30 à 45 centimes ; le rattacheur de 90 centimes à 1 franc.

[...]

Indépendamment des renseignements pris auprès des cardeuses sur le travail des petits bobineurs le docteur Maudet m'a dit que la commission dont il est le président s'occupe en ce moment de rédiger un rapport sur le même objet.

[...]

J'ai pris également des informations sur les autres genres d'industrie. Les blanchisseurs travaillent régulièrement 12 heures, s'ils travaillent parfois une heure de plus, ce qui n'arrive que dans les cas pressants, cette heure leur est payée en sus. Les tisserands comme vous savez travaillent chacun chez soi et chacun emploie son temps à sa fantaisie. Il n'y a donc pas lieu de s'occuper d'eux au moins pour les heures de journée. En général tous les autres ouvriers à Cholet ne travaillent que 12h par jour. D'ailleurs plusieurs sont à la pièce »

Archives Municipales de Cholet, 1 I 10

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