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Aux fils du temps
28 décembre 2008

En maison de correction ... (1859)

Lettre de Constance Humeau veuve Barré, tisserande, demeurant à Cholet

"Par jugement du tribunal correctionnel de Beaupréau du 28 décembre 1857, mon fils a été condamné à être renfermé dans une maison de correction jusqu'à sa 20e année, pour avoir avec deux ou trois de ses camarades, dérobé quelques biscuits à une marchande sur la place Travot à Cholet. Depuis 15 mois environ mon fils expie sa faute dans la maison centrale de Fontevrault.

Permettez moi, monsieur le Préfet, de venir vous exposer mes peines et solliciter de votre bienveillance la mise en liberté provisoire de mon enfant.

Je suis veuve depuis huit années, mère de sept enfants, j'en ai perdu trois, un seul reste aujourd'hui à mes côtés. Il est âgé de 7 ans. Les deux autres non compris celui qui est détenu à Fontevrault, sont éloignés : l'aîné, Alexis, âgé de 19 ans, exerce dans une autre commune, la profession de tisserand ; l'autre, Constance, âgée de 17 ans, est placée en domesticité.

L'isolement complet dans lequel je me trouve est pour moi l'objet des plus vives angoisses auxquelles se joint encore la décourageante pensée que mon fils doit demeurer à Fontevrault jusqu'à sa 20e année. Sa faute, monsieur le Préfet, ne vous semblera t'elle pas suffisamment expiée ?

La seule cause qui a motivé sa condamnation ne reposait que sur l'enlèvement de quelques biscuits à une marchande qui avait un étalage sur une place publique, au milieu d'une foule d'enfants.

Soyez convaincu, monsieur le Préfet, que je veillerais sur mon fils avec un soin spécial et que tous mes efforts tendraient à le diriger et à le maintenir dans la bonne voie.

Déjà le 20 décembre dernier vous avez eu l'extrême bonté de me faire donner de ses nouvelles. J'ai appris avec bonheur que ses directeurs étaient très satisfaits de sa conduite et de son travail. Ces témoignages sont pour moi une assurance que vous accueillerez favorablement ma demande.

Ma conduite a toujours été sans reproche et ma réputation sans tâche. Pour subvenir à mes besoins et aux besoins de mes enfants, je passe mes journées entières dans une boutique occupée à des travaux de tissage. Mon fils travaillerait à mes côtés, sous mes yeux et me serait du plus utile secours.

Je suis avec un profond respect, monsieur le Préfet, votre très humble servant, femme Barré, tisserande à Cholet.

Le conseiller général soussigné prend la liberté de recommander la pétition qui précède à la bienvaillante attention de monsieur le Préfet. La veuve Barré est braiment bien digne d'intérêt. Signé Boutillier St André"

Archives Municipales de Cholet, 2I 18 : Surveillance des condamnés libérés

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